Dimanche 16 et Lundi 17 avril

Les étudiants manifestent : ils dénoncent, pour l'essentiel, la corruption et les privilèges des bureaucrates.
Sur la place Tien Anmen, des gerbes mortuaires à la mémoire de Hu sont déposées au Monument des héros du peuple.
A Shanghai, les étudiants font preuve de la même ferveur.


Mardi 18 avril

Des manifestations ont lieu toute la journée.
Au cours d'hommages rendus à la mémoire de Hu Yaobang, au centre de la place Tien Anmen, des étudiants demandent que les autorités « disent la vérité » sur sa « démission ».
En fin d'après-midi, plusieurs centaines de jeunes organisent un sit-in devant l'assemblée nationale. Ils demandent, entre autre, que les revenus des dignitaires du régime et de leurs descendants soient rendus publics et que Hu Yaobang soit définitivement réhabilité.
Le soir, la police intervient massivement contre environ 5000 étudiants qui tentent de pénétrer à Zhongnanhai (la résidence des hiérarques du Parti et de l'Etat) pour être reçus par le premier ministre Li Peng.


Mercredi 19 avril

La campagne d'hommage à Hu Yaobang se poursuit. Une dizaine de milliers de manifestants affluent toujours vers Tien Anmen.
Un comité Solidarité (Beida tuanjie xueshenghui) est créé à Beida.


Jeudi 20 avril

Réunion du comité permanent du Bureau politique du PCC durant laquelle son secrétaire général Zhao Ziyang plaide pour le dialogue avec les étudiants, alors que Li Peng préconise la fermeté.
Les étudiants se rassemblement de nouveau à Tien Anmen. Des incidents éclatent devant Zhongnanhai, siège du pouvoir, où la police charge brutalement la foule.
Des manifestations étudiantes ont lieu également à Nankin.


Vendredi 21 avril

Une cinquantaine d'intellectuels de renom sollicitent, à travers une lettre ouverte, une réelle séparation entre les organes du Parti communiste et ceux de l'Etat et suggèrent au gouvernement d'engager sans tarder un dialogue avec les étudiants.
La police demande à l'administration de Beida de lui fournir la liste des meneurs étudiants. Elle refuse.
La foule, massée sur les trottoirs, supporte la nouvelle manifestation d'étudiants. Le cortège débouche la nuit sur Tien Anmen : 200.000 personnes environ sont présentes, ce qui fera dire plus tard à Deng Xiaoping qu'on n'a plus affaire désormais à un « mouvement étudiant ordinaire ». Une grande banderole, accrochée au pied de la stèle aux héros du peuple, fait face au portrait de Mao sur la porte de la Cité Interdite : elle proclame « Vive la démocratie et la liberté ! »


Samedi 22 avril

De violents incidents ont lieu à Xi'an (Shaanxi) où il y aurait eu plusieurs morts et à Changsha (Hunan).
Création d'une « Coordination provisoire des universités de Pékin » qui rassemble des délégués de 20 établissements d'enseignement supérieur de la capitale. Wuer Kaixi et surtout Zhou Yongjun sont les premiers leaders de la Coordination.
Les funérailles de Hu Yaobang, nationales et grandioses (sous la pression des étudiants), se déroulent sous forte pression policière, mais sans incident notable.
Parallèlement, quelques dizaines de milliers d'étudiants occupent la place Tien Anmen depuis la veille au soir. Il sont rejoints par un nombre encore plus grand de gens d'origines diverses, qui expriment ainsi, de façon pacifique, leur souhait d'une libéralisation du régime.
Quelques slogans : « Nous voulons participer aux funérailles ! », « Combattons la corruption ! », « A bas les privilèges ! », « Vive la démocratie ! » et même « Abolissez la peine de mort ! ».
Ni la presse, ni la télévision ne mentionneront cet attroupement.
Ces manifestations sur une partie de l'espace le plus chargé de symboles, la place centrale de la capitale, pendant la cérémonie, illustrent toutefois le désaveu croissant du régime.
A la façon dont les réclamations étaient jadis présentées aux empereurs, trois étudiants s'agenouillent sur les marches du Palais du Peuple et brandissent leur pétition en attendant d'être reçus. Ils restent ainsi 45 minutes, mais les officiels ne bronchent pas.


Dimanche 23 avril

Premiers mouvements de troupe aux alentours de Pékin.
Les étudiants, de retour sur leurs campus, votent la grève des cours, qui avait déjà commencé à Beida le 21. Plus de 50.000 d'entre eux, dès le lendemain, répondent à l'appel.
Zhao Ziyang quitte Pékin pour une visite en Corée du Nord.



Retour au sommaire Sources :
Gallimard, Le tremblement de terre de Pékin Jean-Philippe Béja, Michel Bonnin Alain Peyraube, 1991 (p551-552-553)
Articles du journal Le Monde (Avril 1989)
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